Les années 1980, l’insoutenable légèreté

Agnès Bonnot, Sans titre, 1982
Agnès Bonnot, Sans titre, 1982

Exposition du 24 février 2016 – 23 mai 2016 – Galerie de photographies – Centre Pompidou, Paris

Entrée libre de 11h00 à 21h00

Photographies, films

http://bit.ly/1KHiHDh

L’exposition de photographies et de films présentée par le Centre Pompidou revient sur les années 1980, à travers une soixantaine d’œuvres de plus d’une vingtaine d’artistes : de Karen Knorr à Jean-Paul Goude, d’Unglee à Présence Panchounette, en passant par Pierre et Gilles, Martin Parr et Helen Carrey.

Hétérogènes, insaisissables, douloureuses, fantasques, encore trop proches, aussi légères que graves, ces années considérées comme celles de l’apogée du postmodernisme sont contrastées et paradoxales. En France, c’est une décennie cruciale pour la photographie, en tant qu’art et patrimoine. Institutions et collections photographiques majeures voient le jour où se développent avec un élan nouveau. Au même moment, monte sur la scène une génération qui veut abolir la division entre photographie et peinture : les peintres-photographes qui s’opposent au langage des générations précédentes.

Cette nouvelle photographie, souvent très « pictorialiste » dans les pays occidentaux, développe des formes étroitement liées aux progrès techniques en la matière – l’accessibilité de la photographie en couleurs de bonne qualité, les possibilités offertes par le grand format, ou encore l’instantanéité du Polaroid. La rencontre de ces nouveaux moyens de production avec la recherche de formes ou de thématiques différentes de la photographie classique crée un autre paradoxe ; les réalisations ouvertement anti-documentaires s’avèrent tellement conformes à la réalité dont elles sont issues qu’elles en sont finalement la plus fidèle représentation.

Les œuvres choisies entreprennent pour la plupart la critique de la culture et de la société selon des stratégies variées : ironie, mise en scène réaliste ou fantaisiste, pastiche, détournement du décor, ode à l’artifice… À l’instar de la photographie, le film s’empare de sujets et d’objets de la critique propres à une scène artistique dont cette exposition propose l’articulation des topoï : la théâtralité et l’apparence des postures dans l’espace social, la subordination à la consommation, la concentration égotique sur le « je », l’épuisement de la culture moderne.

En partie dédiée à la scène occidentale et américaine des années 1980, très présente dans la collection du Centre Pompidou, cette présentation reflète l’ordre géopolitique et économique d’une époque dont les divisions idéologiques Nord et Sud, Ouest et Est, démocraties capitalistes et régimes totalitaires centralisés, seront balayées par l’avènement de l’économie globalisée. En mélangeant des œuvres très connues avec celles qu’il faut redécouvrir, l’exposition nous fait entrer dans l’ambiance, l’esthétique et parfois l’iconographie populaire propres à ce moment et à cette géographie.

Karolina Ziebinska-Lewandowska
Conservatrice,commissaire de l’exposition

En collaboration avec
Marie Auger, Emmanuelle Etchecopar-Etchart, Jonathan Pouthier

Commissaire : Mnam/Cci, Karolina Lewandowska